Sculpture et bas-reliefs

En optant pour le plomb, Marie-Paule Haar décidait d'une mue, enfilait désormais d'une peau dont le grain imprévisible, les ravines infimes, les modulations inattendues et l'opacité confirment une option neuve. Plutôt que de filtrer des lumières en des matières de synthèse, de refléter rayons solaires ou clartés luminaires, de déformer images ravies à l'environnement immédiat en de métalliques miroirs, ses sculptures grises, monochromes bien que jamais uniformes, privilégient dorénavant le mystère, le secret, l'émotion, les subtilités rétiniennes et préfère le flirt des ondes lumineuses.

Nonobstant ce recouvrement dont on dit qu'il est en chape, et paradoxalement donc, l'œuvre dit son intimité. Le dedans prend le dehors. Elle quitte sa froideur mais point une certaine rigueur. Subsiste principalement cette de la figure géométrique la plus simple, la plus pure : le carré. Soit-il décomposé voire découpé. Car il ne s'agit pas de s'égarer même si on se permet des libertés, si sentiment et lyrisme osent s'avouer.

Extrait de « OSCILLATION »
Claude Lorent - 1990

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Devant l'œuvre de Marie-Paule HAAR, on ne peut qu'être passionné par les matériaux et par la forme. Ces deux éléments sont intégrés à un point tel, qu'ils nous donnent toujours l'impression d'une masse homogène mais mouvante. Car s'il y a des pièces coulées, d'autres sont basées sur l'assemblage d'éléments industriels, pour aboutir à une ligne fluide et impeccable qui nous ferait oublier le matériau d'origine. Ces formes sont inattendues, imprévisibles, elles font pénétrer l'espace par la lumière et leur présence séduit par une dignité frappante. Cette dernière se repose sans doute, sur une honnêteté technique fondamentale, une approche directe sans trucages. Les volumes réorganisent les espaces, attrapent et renvoient la lumière. Parfois ils deviennent plus agressifs ou étincellent tel un défi à l'air. Cette aventure, c'est la conquête de l'espace. Lyrisme et structure vont de pair et leurs sinuosités se terminent en cube. L'œuvre de Marie-Paule HAAR répond aussi bien aux besoins de l'architecture qu'à ceux de l'espace libre, un dialogue s'ensuit qui peut être un jeu, mais un jeu grave, souple mais contrôlé.

Phil MERTENS

Conservatrice honoraire des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique.