Dans mon œuvre peinte je tente d’exprimer deux concepts, celui du plaisir du sujet à être là et celui plus complexe, du comportement tendu de nombre d’entre eux à se savoir regardés.
Voir les gens de près et signaler les attitudes naturelles ou empruntées du corps dans un environnement donné ou neutre est l’essentiel de ma recherche picturale. Je suis curieuse de voir comment les gens se comportent et ce qu’ils veulent faire paraître d’eux-mêmes dans leur relation aux autres ou leur volonté d’isolement.
J’observe l’humain à travers des photos de famille, ou prises moi-même. Mais l’observateur devient vite participant de cette observation qu’il traduit ensuite à travers le filtre de ses émotions artistiques propres, de son style, de sa technique.
Je réorganise les sujets dans de nouveaux cadrages et des atmosphères particulières créées par la gamme couleurs souvent rehaussée de petites toniques vives.
J’explore une forme de réalisme qui tend vers une poésie à chaque fois particulière.
Marie-Paule HAAR
In my work as a painter I attempt to express two concepts, that of the pleasure of the subject in being there and the more complex one of the tenseness that a number of them display in knowing that they are being watched.
Seeing people close-up and conveying the natural or borrowed attitudes of the body in a given or neutral background is the essence of my pictorial quest.
I am curious to see how people behave and what they wish to display of themselves in their relations with others or their desire for isolation.
I observe human beings through family photos, or those I take myself. But observers rapidly become participants in this observation, which they then translate through the filter of their own artistic emotions, of their style, of their technique.
I reorganize the subjects in new settings and individual atmospheres created by the range of dense colours, often enlivened by little lively accents.
I explore a form of realism that tends towards a poetry that is individual each time.
Marie-Paule HAAR
Mensonge et vérité
Depuis le fameux urinoir de Marcel DUCHAMP qui élevait l'objet ordinaire au rang d'œuvre d'art en l'extirpant de son rôle utilitaire, en le mettant en situation muséale et en le signant de façon à provoquer une réflexion sur l'essence même de la création, il est admis de voir exposer des choses. Ici existe une complémentarité entre les signes picturaux et les éléments ajoutés. Du coup nous voilà en présence d'une synergie entre la fiction du tableau reproduisant le réel sans l'être et la réalité des éléments inclus qui ont cessé d'avoir un usage courant et d'appartenir au quotidien. C'est cette confrontation de l'imaginaire avec le tangible le plus usuel que l'artiste suggère de décoder.
Au lieu de feuilleter un album de photos anciennes, nous déambulions devant une série de souvenirs. La mémoire de HAAR rejoint la nôtre, la nourrit peut-être. Elle se gave d'images mais se pare aussi de plomb, matière qu'affectionne l'artiste pour ses sculptures. De sorte qu'il semble que l'éphémère et le durable se marient.
De sorte encore que le gris du métal et le gris du fond de la majorité des toiles suggèrent un climat de morosité sur lequel les couleurs prennent de l'importance.
Michel VOITURIER
Exposition dans le cadre de « L'Art dans la Ville » en la Galerie Balthazart. Tournai - octobre 2003.